Les papeteries de Bains et la dynastie Pidoux : une saga vosgienne sur trois siècles
Il serait impossible d’évoquer l’industrialisation de Bains-les-Bains sans mentionner les papeteries. Dès le début du 18e siècle, la région bénéficie de cours d’eau à fort débit et de forêts abondantes, conditions idéales pour la papeterie. C’est la famille Pidoux qui, dès 1717, va incarner ce développement et hisser Bains-les-Bains au rang de place forte de la pâte à papier dans les Vosges (source : Archives départementales des Vosges ; Monographies communales).
- 1717 : Claude Pidoux obtient le « privilège royal » pour établir une papeterie à proximité du ruisseau du Bouchot, dans ce qui est alors un hameau isolé.
- Son fils, Pierre-François, développe la production et investit dans l’amélioration des moulins à papier, utilisant le chiffon et expérimentant dès 1750 la pâte mécanique.
- Au XIXe siècle, la famille élargit ses affaires, embauche jusqu’à 80 ouvriers sur plusieurs sites et équipe ses usines des premières « machines à papier continu », selon la presse technique de l’époque (voir Gallica – Papeteries vosgiennes, XIXe siècle).
Au-delà des chiffres, les descendants Pidoux ont animé la vie sociale locale, finançant la construction d’écoles et de salles de réunion, encourageant l’alphabétisation, défendant une œuvre sociale à l’avant-garde de l’ère industrielle régionale.
Une anecdote souvent rapportée : la « fête des papetiers », organisée lors des moissons d’été, permettait d’offrir à chaque ouvrier, adulte comme enfant, un habit neuf ou un livre. Cette politique paternaliste, modèle d’époque, a contribué à la forte cohésion villageoise, avec même une section de la « Société de Secours mutuel » initiée par les Pidoux, bien avant la loi de 1898 (Source : Bulletin de la Société d'Histoire des Vosges, n°217).