Les grandes périodes de prospérité de Bains-les-Bains : Plongée dans son histoire remarquable

22/04/2025

Aux sources du succès : l’importance des eaux thermales à l’Antiquité et au Moyen Âge

L’histoire de Bains-les-Bains commence bien avant que la commune ne devienne ce lieu reconnu pour ses thermes. Dès l’Antiquité, les sources chaudes naturelles qui jaillissent ici furent exploitées. Les fouilles archéologiques réalisées dans la région ont mis au jour des vestiges d’établissements thermaux gallo-romains, ce qui suggère que les eaux thermales de Bains-les-Bains étaient déjà prisées pour leurs propriétés curatives.

Les Romains, grands amateurs d’hydrothérapie, utilisaient ces sources pour soigner divers maux, notamment les affections rhumatismales. Ce premier « âge d’or » de Bains-les-Bains est encore palpable dans certaines pierres, restes d’infrastructures anciennes qui parsèment aujourd’hui les environs. Cependant, après le déclin de l’Empire romain, ces installations tombèrent en désuétude. C’est au Moyen Âge que la réputation de ces eaux refait timidement surface. Les monastères locaux, garants du savoir médical, jouèrent un rôle clé dans leur préservation et leur réintroduction progressive à des fins médicinales.

Le grand siècle thermal : une renommée au XVIIIe siècle

C’est réellement à partir du XVIIIe siècle que Bains-les-Bains s’impose comme une destination reconnue dans le domaine des soins thermaux. Dans un contexte où hygiène et médecine progressent, les eaux minérales sont de nouveau perçues comme essentielles pour traiter certains troubles. Bains-les-Bains bénéficie de sa localisation au sein d’un territoire au calme reposant, en parfaite adéquation avec les besoins d’une clientèle avide de repos et de soins.

Cette période marque surtout l’intérêt croissant des élites pour ce type d’établissements. Des membres de la noblesse et des bourgeoisies locales, mais également nationales, se pressent désormais dans les thermes de la commune. C’est aussi à cette époque que des infrastructures thermales modernes sont édifiées pour répondre à l’afflux croissant de patients et de riches visiteurs. Une anecdote illustre cet engouement : on rapporte que certains séjours thérapeutiques de près d’un mois constituaient alors un incontournable des habitudes de la haute société régionale, renforçant ainsi l’économie locale.

Le XIXe siècle : apogée industrielle et confluence de progrès

Si la prospérité de Bains-les-Bains avait jusque-là reposé en grande partie sur ses thermes, le XIXe siècle introduit une autre phase remarquable : celle de l’industrialisation. Grâce à la présence de cours d’eau comme le Bagnerot et la Cleurie, essentiels au développement de petites industries, la région connaît une diversification économique inattendue.

Les moulins, scieries et forges s’épanouissent dans un premier temps, tirant profit de la puissance hydraulique des rivières de la Vôge. Plus tard, le textile s’impose comme un secteur prépondérant : plusieurs ateliers et manufactures voient le jour, employant une part importante de la population locale. Un exemple parlant est celui de l’usine de filature qui fournissait des tissus fins et recherchés bien au-delà des frontières des Vosges. Ces activités génèrent des revenus conséquents, favorisant ainsi le développement des infrastructures et des services locaux.

Enfin, c’est aussi au cours de ce siècle que la station thermale atteint un sommet de fréquentation, attirant des visiteurs de toute la France et même de l’étranger. Les eaux de Bains-les-Bains sont prescrites pour toute une série de maux, notamment les troubles du métabolisme comme le diabète. Ce double essor économique - thermal et industriel - a marqué profondément l’identité de la commune.

Déclin et renouveau : le XXe siècle et ses défis

Le XXe siècle marque le début d’une période plus délicate pour Bains-les-Bains, parfois entrecoupée d’élans de renouveau. Les deux guerres mondiales affectent considérablement la région, freinant à la fois l’essor industriel et l’activité thermale. Toutefois, dans les années 1920 et à nouveau après 1945, des efforts sont menés pour réhabiliter et moderniser les infrastructures thermales. Le tourisme de santé reste un pilier de l’économie locale.

Malgré cela, la seconde moitié du siècle voit une désaffection progressive pour les stations thermales en France. L’apparition de nouvelles pratiques médicales, ainsi que des mutations dans les industries locales, obligent Bains-les-Bains à repenser son modèle. Heureusement, la commune ne cède pas face aux difficultés : en 1986, l’inscription de la station à l’Association Nationale des Établissements Thermaux illustre sa volonté de maintenir et valoriser cette riche tradition.

Un patrimoine à préserver : l’espoir d’un nouvel élan

De nos jours, les atouts de Bains-les-Bains demeurent nombreux. Ses thermes continuent d’attirer une clientèle fidèle, séduite par le calme et les bienfaits des eaux naturellement chaudes. Les initiatives locales pour réhabiliter et mettre en avant le patrimoine industriel et thermal illustrent la volonté de redonner à la commune un rayonnement comme celui qu’elle a connu par le passé.

Le territoire peut aussi compter sur le développement d’un tourisme plus tourné vers la nature, apprécié pour ses atouts écologiques. Les forêts, les chemins de randonnée et les petits villages pittoresques des environs deviennent un terrain d’exploration pour les visiteurs en quête d’authenticité.

Enfin, l’inscription des Grands Thermes au patrimoine des "Villes d'eaux d'Europe" par l’UNESCO serait une reconnaissance mondiale bienvenue et pourrait souffler un air nouveau sur l'économie de ce territoire.

Un territoire qui vit avec son histoire

À travers chacune de ces périodes, Bains-les-Bains montre une capacité d’adaptation qui force l’admiration. Qu’il s’agisse de l’essor thermal à l’Antiquité, des progrès industriels ou des défis du XXe siècle, la commune a su se réinventer tout en respectant ses racines. Si les grandes périodes de prospérité semblent aujourd’hui appartenir au passé, rien ne dit qu’un nouveau chapitre, tout aussi passionnant, ne s’écrit pas sous nos yeux.

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