À la recherche des empreintes médiévales de Bains-les-Bains

11/05/2025

Un patrimoine médiéval discret mais précieux

La région de La Vôge a connu, dès le Moyen Âge, une activité intense qui n’a pas laissé Bains-les-Bains à l’écart. Située proche d'importants axes de circulation du duché de Lorraine, cette cité fut marquée par des évolutions qui ont modelé son visage au fil des siècles. Voici quelques-unes des traces que cette période a léguées.

Le prieuré de Saint-Colomban : une fondation du XIIe siècle

Le prieuré de Saint-Colomban, situé non loin de l’actuel Bains-les-Bains, mérite amplement une mention particulière. Fondé au XIIe siècle, il témoigne de l’importance religieuse de la région au Moyen Âge. Bien qu’il n’en reste aujourd’hui que quelques pierres bâties dans le style roman, cet endroit incarne une clé précieuse pour comprendre l’organisation spirituelle et économique de l’époque.

Les moines du prieuré jouaient un rôle central, non seulement dans la vie religieuse, mais aussi dans l’exploitation agricole et la structuration des villages alentour. L’ordre des bénédictins, auquel ils étaient rattachés, valorisait également des terres boisées environnantes, illustrant une utilisation judicieuse des ressources naturelles encore présente dans l’esprit local.

Les croix médiévales des chemins et carrefours

Les chemins qui sillonnent les campagnes autour de Bains-les-Bains sont ponctués de croix, souvent forgées dans la pierre. Certaines, bien que restaurées à différentes époques, remontent au Moyen Âge.

  • La croix du chemin de Fontenois, inscrite dans le granit local, est caractéristique des croix dites de dévotion. Ces croix marquaient les routes ou servaient de bornes communales entre différentes seigneuries.
  • Un autre exemple est la croix de Saint-Vallier, située à la sortie sud de Bains-les-Bains. Elle témoigne d’une tradition religieuse forte et persistante dans la région.

Ces monuments discrets rappellent également les pratiques de pèlerinage ou de procession vers des lieux saints situés bien au-delà de la localité.

La forêt et son rôle dans l’économie médiévale

Si vous arpentez encore aujourd’hui les bois environnants de La Vôge, sachez que ces lieux sont bien plus qu’un écrin naturel : ils furent l’un des piliers économiques de l’époque médiévale. Dès le XIIIe siècle, les seigneuries environnantes profitèrent des vastes forêts denses, notamment pour l’extraction de bois destiné à la construction ou au chauffage.

Ces ressources alimentaient également les forges rudimentaires et permettaient d’entretenir la vie quotidienne dans les habitats locaux. L’exploitation forestière, contrôlée par des chartes spécifiques établies par les seigneurs, était alors jalonnée de règles strictes pour éviter un épuisement permanent... une gestion qui inspire encore aujourd’hui.

Les vestiges d’un château féodal : entre mythe et réalité

Des légendes locales évoquent la présence d’un château féodal surplombant autrefois les vallées environnant Bains-les-Bains. Si les traces exactes sont encore difficiles à établir avec précision, les restes d’anciennes fortifications, enfouies dans les bois de la commune, alimentent depuis longtemps les récits des passionnés d’histoire locale.

Les archives mentionnent ainsi un « castrum » au XIVe siècle, qui aurait pu jouer un rôle clé dans la défense du territoire lors des conflits entre Bourgogne et Lorraine. Aujourd’hui, ces vestiges – murs semi-détruits et quelques amas de pierre – se découvrent dans des randonnées à l’ombre de la forêt, laissant place à l’imagination.

Les noms de lieux : une fenêtre sur le passé médiéval

L’héritage médiéval de Bains-les-Bains s’ancre également dans la toponymie régionale. De nombreux noms de lieux, encore utilisés aujourd’hui, remontent directement au Moyen Âge :

  • Le Bois des Moines, autrefois terrain appartenant à des communautés religieuses, notamment les bénédictins de Saint-Colomban.
  • La Croix du Ban, un carrefour marquant l’ancien ban du domaine seigneurial.
  • Le lieu-dit La Chapelle, qui reprenait probablement l’existence d’un oratoire médiéval aujourd’hui disparu.

Ces dénominations rappellent subtilement comment l’organisation de l’espace au Moyen Âge perdure dans notre langage quotidien.

L’importance des archives médiévales

Pour comprendre l’emprise médiévale encore visible à Bains-les-Bains, il faut également se tourner vers les archives communales ou départementales. Celles-ci conservent des documents fascinants, comme des chartes seigneuriales, des actes relatifs à des donations aux moines ou encore des plans cadastraux anciens.

Certaines de ces archives mettent en lumière la stratification des pouvoirs à cette époque : le réseau complexe des seigneuries, la position du clergé et le rôle des paysans dans l'entretien de ce patrimoine construit pour durer. Les historiens locaux, comme François Dumont, ont beaucoup contribué à rendre accessible cette histoire trop longtemps oubliée des habitants.

À travers les siècles, un paysage modelé

Bains-les-Bains peut sembler aujourd’hui comme un petit havre préservé entre collines et rivières, mais son visage actuel demeure profondément marqué par l’époque médiévale. Les aménagements agricoles, les pratiques religieuses et une gestion avisée des ressources naturelles ont laissé leur empreinte et permettent aux visiteurs d’arpenter ces lieux avec un regard émerveillé et éclairé.

Alors, la prochaine fois que vous parcourrez les sentiers de La Vôge, prenez le temps de contempler ces détails qui, bien que parfois discrets, racontent une époque éloignée, mais essentielle pour comprendre les racines de ce territoire.

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