La Révolution au quotidien : nouvelles solidarités, peurs et fêtes républicaines
Au village, la Révolution se fait aussi de gestes quotidiens. Après 1792, la conscription frappe la jeunesse masculine : à La Chapelle-aux-Bois, huit jeunes hommes partent pour l’Armée du Rhin. La même année, dans le registre de la commune de Trémonzey, on lit la mention de veillées destinées à récolter des chemises et des bas pour les soldats (« La Révolution dans les Vosges », Pierre Heili, Presses Universitaires de Nancy).
Les tensions ne manquent pas : la période voit poindre des angoisses alimentaires (plusieurs mauvaises récoltes autour de 1794-1795), nourrissant la méfiance envers les « accapareurs », parfois venus des bourgs voisins. La surveillance s’organise : à Bains, les marchés sont étroitement contrôlés, et quelques procès-verbaux consignent des rixes pour du blé ou du sel.
- Fêtes républicaines organisées sur la place de Fontenoy, arbres de la Liberté plantés en 1793 à Bains et à Hautmougey ;
- Adoption progressive du calendrier républicain, mais faible suivi en 1795 d’après les registres des actes d’état civil ;
- Émergence de sociétés populaires : six recensées dans toute la Vôge d’après le bulletin patriotique du district de Remiremont, An III.
Mais sous la contrainte, se forge aussi une autre forme de solidarité. Les cahiers de doléances compilés en 1789 laissent place, dans les archives, à un nombre accru de pétitions collectives, où l’on réclame l’entretien des chemins, des ponts, ou de la « cloche de l’alerte » pour prévenir des troubles ou des incendies.